Enpartant, il est perdu dans ses pensĂ©es et il arrive Ă  une gare routiĂšre, curieux, il entre dans un car et demande oĂč celui-ci va. On lui rĂ©pond GhardaĂŻa, et, sur un coup de tĂȘte, il tend des billets au chauffeur et s'enfonce dans le car. Il regarde la mer, tout ce qu'il a connu jusqu'Ă  prĂ©sent, s'Ă©loigner et se sent satisfait.

RĂ©sumĂ© du document Joey n'est encore qu'un poulain de 6 mois Ă  peine quand il est sĂ©parĂ© de sa mĂšre et achetĂ© dans une foire par un homme saoul qui semble bien brutal et qui l'a achetĂ© juste pour contrarier un de ses confrĂšres. Cet homme ne sait pas s'y prendre avec les chevaux et semble mĂȘme en avoir peur ... Sommaire PrĂ©sentation gĂ©nĂ©rale niveau de lecture, genre, contexteI RĂ©sumĂ© dĂ©taillĂ© de l'histoireII Conclusion, avis personnel Extraits [...] Ce sont les deux meilleurs chevaux de leur escadron de cavalerie. Lors de leur premier assaut contre les Allemands, le capitaine Nicholls est tuĂ©. Joey continue droit devant sans cavalier et les tirailleurs allemands, effrayĂ©s, s'Ă©parpillent. Un groupe de soldats allemands est fait prisonnier et la cavalerie anglaise gagne cet assaut ; seulement, un quart de l'escadron a pĂ©ri sous le feu ennemi. Joey est maintenant attribuĂ© au soldat Warren, qui s'occupe trĂšs bien de lui mais n'est pas un bon cavalier car il a Ă©tĂ© traumatisĂ© lors d'un prĂ©cĂ©dent assaut oĂč son cheval a Ă©tĂ© abattu sous lui. [...] [...] Ils sont trĂšs heureux. Mais un jour, un escadron d'artillerie allemand passe par la ferme et rĂ©quisitionne les deux chevaux pour faire partie d'un attelage tirant un canon. Ils se dĂ©placent alors le long de la ligne de front, vivent constamment dehors par tous les temps et sont de plus beaucoup moins bien nourris et soignĂ©s qu'avant. Beaucoup de chevaux meurent durant l'hiver. Topthorn lui-mĂȘme montre des signes de faiblesse. Un vĂ©tĂ©rinaire signale que, mĂȘme s'il peut continuer, cette vie est trop difficile pour des pur-sang et qu'ils doivent tout de mĂȘme les mĂ©nager au maximum. [...] [...] On y voit surtout la vie Ă  l'arriĂšre des tranchĂ©es. Joey partage l'existence et la lutte des soldats pour survivre dans l'enfer des champs de bataille. On rencontre dans ce roman des soldats Ă  figure humaine, quelque soit leur camp, qui doutent, qui s'interrogent sur le bien-fondĂ© de cette guerre, qui ont peur et qui peuvent mĂȘme discuter amicalement avec les soldats ennemis dans un moment de trĂȘve. Joey navigue entre les deux camps et son parcours permet de montrer Ă  quel point les sentiments et les Ă©motions des combattants Ă©taient les mĂȘmes de part et d'autre de la ligne de front. [...] [...] Mais un jour, alors que les soldats s'accordent une pause au bord d'une riviĂšre, Topthorn tombe et ne se relĂšve plus. Il est mort. Le vĂ©tĂ©rinaire dĂ©clare que son cƓur a lĂąchĂ© et qu'il avait prĂ©venu que ce travail Ă©tait trop dur pour un cheval de race. Friedrich est effondrĂ© et Joey empli de tristesse. Soudain, l'armĂ©e ennemie envoie des obus sur les Allemands. C'est la dĂ©bandade. Friedrich, qui tarde Ă  quitter le corps de Topthorn, est fauchĂ© par un obus et tombe mort au cĂŽtĂ© du cheval. [...] [...] David est tuĂ©, laissant Albert effondrĂ©. Enfin l'Armistice est annoncĂ©. Les chevaux doivent ĂȘtre vendus aux enchĂšres sur place avant le rapatriement des troupes. L'escadron d'Albert tente par tous les moyens d'acheter Joey, mais c'est un vieil homme qui remporte les enchĂšres le grand-pĂšre d'Emilie. Il raconte que la jeune fille est morte il y a peu, sans doute de chagrin, et qu'il lui avait promis de retrouver les deux chevaux. Cependant, constatant l'amour que porte Albert pour Joey, il accepte de lui laisser le cheval Ă  condition qu'il parle d'Emilie pour entretenir sa mĂ©moire. [...]

Verdun1916 : un tirailleur en enfer: PremiĂšre Guerre mondiale: colonisation: rĂ©cit: À dix-sept ans, Tierno quitte son village pour aller Ă©tudier Ă  Dakar.Mais du fait de la mĂ©chancetĂ© d’un adjudant français, il se retrouve enrĂŽlĂ© en tant que tirailleur sĂ©nĂ©galais et envoyĂ© Ă  Verdun. LĂ , il dĂ©couvre l’enfer des tranchĂ©es

ï»żRĂ©ponsebonjour je ne sais pas si cela peut t'aider mais j'ai pris ce resumer je n'ai jamais lu ce livre, aprĂšs tu a sĂ»rement un resumer derriĂšre ton livre. Explications A travers l’histoire de Tierno, un jeune homme peulh de dix-sept ans originaire du Fouta-djalon, une rĂ©gion de l’actuelle rĂ©publique de GuinĂ©e, Yves Pinguilly retrace le destin de ces 600 000 Africains arrachĂ©s Ă  leur famille, leur village, leurs traditions, et propulsĂ©s dans l’enfer des combats. Nous sommes en 1915, Tierno fait la fiertĂ© de sa famille parce qu’il a le privilĂšge de pouvoir poursuivre ses Ă©tudes Ă  Dakar, mais lĂ , il sera embarquĂ© de force, en compagnie d’Aboubacar, un Soussou qui devient son ami, par un recruteur, Ă  destination du sud de la France oĂč, comme lui, des milliers de jeunes Africains vont apprendre Ă  faire la guerre avant de faire la guerre ». Puis ce sera l’horreur de Verdun, la boue, les tranchĂ©es, la peur, la mort des camarades et les hommes qu’il faut tuer pour se sauver soi-mĂȘme. soirĂ©e !!

DienBien Phu a cristallisĂ© la mĂ©moire officielle de la guerre d’Indochine en France. Moins Ă©tudiĂ© que son dĂ©roulement concret, le processus de mythologisation dont elle a prĂ©cocement fait l’objet a favorisĂ© la diffusion d’une vision tronquĂ©e de l’histoire, que seul le recueil des tĂ©moignages des survivants a permis de corriger. Sans doute le mythe hĂ©roĂŻque, du Verdun Acheter Verdun 1916 Un tirailleur en enfer de Yves Pinguilly d'occasion. chez Nathan Genre Histoire 144 pages Paru en 2016 dans cette collection EAN 9782092520888 Tierno, jeune Peulh de dix-sept ans, poursuit ses Ă©tudes Ă  Dakar Ă  l'"Ă©cole des Blancs". Mais c'est un tout autre apprentissage qui l'attend enrĂŽlĂ© malgrĂ© lui par un recruteur peu scrupuleux, il se trouve Ă  bord d'un paquebot qui part pour la France. Car, en 1915, la France en guerre a besoin de toutes ses forces, y compris celles de son empire colonial. Tierno rejoint le 36e bataillon des Tirailleurs sĂ©nĂ©galais qui s'apprĂȘte Ă  monter en ligne. Dans la boue de Verdun, il dĂ©couvre l'horreur... Source Nathan CHAPITRE14 - DE LA MOSAÏQUE FRANCE AU FRONT POPULAIRE (1920-1938) Les bancs de rameurs sont disposĂ©s de chaque cĂŽtĂ© de la coursive. Une galĂšre porte, outre les 250 captifs, des officiers, des matelots et des soldats. Les protestants ont souvent l’estime des capitaines et ils sont aussi apprĂ©ciĂ©s de leurs codĂ©tenus car ils sont plus Ă©duquĂ©s, plus calmes et ont le souci
" L'ombre du dĂ©sastre n'est pas prĂšs de s'effacer. " Soixante-dix ans plus tard, l'intuition de Marc Bloch se vĂ©rifie plus que jamais 1940 marque... Lire la suite 22,30 € Neuf Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 15,99 € Grand format ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours 22,30 € ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours LivrĂ© chez vous entre le 5 septembre et le 6 septembre " L'ombre du dĂ©sastre n'est pas prĂšs de s'effacer. " Soixante-dix ans plus tard, l'intuition de Marc Bloch se vĂ©rifie plus que jamais 1940 marque bien le trauma majeur des Français avec lequel ni le naufrage impĂ©rial Ă  Waterloo, ni la guerre de 1870 ne peuvent rivaliser. SpĂ©cialiste consacrĂ© de la Seconde Guerre mondiale et conseiller historique d'oeuvres cinĂ©matographiques et tĂ©lĂ©visĂ©es, Jean-Pierre AzĂ©ma s'est fait le chroniqueur de cette descende aux enfers. De la signature du pacte germano-soviĂ©tique aux premiers Ă©lans de la RĂ©sistance, de la bataille des Flandres Ă  Mers el-KĂ©bir ou au Blitz de Londres, des hĂŽtels de Vichy aux campements de fortune des " exodiens " et des prisonniers, Jean-Pierre AzĂ©ma rĂ©ussit la gageure de marier, en 30 chapitres, le rĂ©cit haletant de ces 500 jours qui ont dĂ©fait la France avec les derniers acquis de la recherche historique. A la fois tĂ©moin, historien et enfin Ă©crivain de cette annĂ©e terrible, Jean-Pierre AzĂ©ma est l'un des rares capables de restituer le souffle d'une Ă©poque. 14 JUILLET 1939 HONNEUR A LA REPUBLIQUE, AUX TOMMIES, ET AUX TIRAILLEURS AOUT 1939 LE PACTE QUI EBRANLA LE MONDESEPTEMBRE 1939 LES FRANÇAIS REPRENNENT LEUR BARDASEPTEMBRE 1939-AVRIL 1940 LES PARADOXES DE LA DROLE DE GUERREAVRIL 1940 L'EQUIPEE DE NARVIKMAI 1940 LES PANZERS FRANCHISSENT LA MEUSE28 MAI 1940 L'IMBROGLIO BELGE26 MAI-4 JUIN 1940 DUNKERQUE, SORTIR DE LA NASSEJUIN-JUILLET 1940 LA GRANDE PEUR, L'EXODEMAI-JUIN 1940 PAUL REYNAUD UN CHEF DE GUERRE CONTESTE Date de parution 31/03/2010 Editeur ISBN 978-2-213-65452-2 EAN 9782213654522 PrĂ©sentation BrochĂ© Nb. de pages 477 pages Poids Kg Dimensions 15,5 cm × 23,5 cm × 3,2 cm Biographie de Jean-Pierre AzĂ©ma Professeur Ă©mĂ©rite Ă  Sciences Po, Jean-Pierre AzĂ©ma a notamment publiĂ© un Jean Moulin qui fait autoritĂ©.
Enun mot, de toutes les fins qui peuvent ĂȘtre poursuivies dans la guerre, la destruction de la force armĂ©e ennemie apparaĂźt toujours comme celle qui domine tout. Quant Ă  ce que peuvent offrir dans la guerre les combinaisons d’une autre sorte, nous en prendrons connaissance par la suite et peu Ă  peu, naturellement. Contentons-nous ici d’en admettre la possibilitĂ© en gĂ©nĂ©ral, comme David Diop vient de remporter le prix Goncourt des LycĂ©ens pour "FrĂšre d'Ăąme" Seuil. Le chant dĂ©chirant d'un tirailleur sĂ©nĂ©galais pris de folie dans la boucherie de 14, aprĂšs avoir assistĂ© impuissant Ă  la mort de son ami d'enfance, celui qu'il appelle son "plus que frĂšre". David Diop signe un 1er roman d'une beautĂ© Ă©crasante, qui donne voix aux milliers d'Africains, quasiment jamais entendus. Le romancier David Diop a remportĂ© jeudi le convoitĂ© Goncourt des LycĂ©ens, qui fĂȘte cette annĂ©e ses 30 ans, pour "FrĂšre d'Ăąme" Seuil, histoire d'amitiĂ©, jusqu'Ă  la folie, dans l'enfer des tranchĂ©es. Le roman a Ă©tĂ© choisi au 2e tour, par 5 voix sur 13, devant "Le Malheur du Bas" Albin Michel d'InĂšs Bayard et "La vraie vie" d'Adeline DieudonnĂ© L'Iconoclaste. Le jury a Ă©tĂ© sĂ©duit par "sa vision terrible de la Grande guerre, entre Afrique et Europe, sagesse et folie". L'an dernier, les lycĂ©ens avaient consacrĂ© "L'art de perdre" Flammarion d'Alice Zeniter, un rĂ©cit puissant sur les non-dits de la guerre d'AlgĂ©rie racontant le destin d'une famille française dont le grand-pĂšre fut malheureux du Femina, du MĂ©dicis, du Goncourt et du Renaudot, David Diop Ă©tait le seul auteur Ă  figurer dans toutes les sĂ©lections des grands prix littĂ©raires d'automne et le seul homme en lice pour le Goncourt des lycĂ©ens. "Je suis extrĂȘmement heureux d'avoir Ă©tĂ© choisi par vous parce que je suis enseignant et que j'ai enseignĂ© en lycĂ©e Ă  la fin du siĂšcle dernier, mais je garde toujours dans mon coeur vos regards, vos sourires, quand vous dĂ©couvrez les textes et je suis vraiment trĂšs sensible Ă  votre, je ne vais pas dire amour, disons prĂ©dilection", a dĂ©clarĂ© David Diop, joint par tĂ©lĂ©phone. L’histoire 1914. Ils ont vingt ans, Alfa Ndyaye et Mademba Diop, deux jeunes SĂ©nĂ©galais amis d'enfance, venus de leur village sur le sol français pour dĂ©fendre la patrie. "Vous les chocolats d'Afrique Noire vous ĂȘtes naturellement les plus courageux parmi les courageux. La France reconnaissante vous admire", leur rĂ©pĂšte le capitaine Armand. Alors quand il leur ordonne de sortir de la tranchĂ©e pour affronter l'ennemi, ils font comme leurs camarades, ils sortent du trou et se lancent en hurlant, "le fusil rĂ©glementaire dans la main droite et le coupe-coupe sauvage dans la main gauche". Un jour, Ă  la sortie de la tranchĂ©e, Mademba Diop est blessĂ©. La mort ne vient pas tout de suite. "Lui, Mademba, n'Ă©tait pas encore mort qu'il avait dĂ©jĂ  le dedans du corps dehors". Alors que les soldats ont depuis longtemps rejoint la tranchĂ©e, Alfa reste au cĂŽtĂ© de Mademba, assistant Ă  la longue agonie de son "plus que frĂšre", sans savoir quoi faire. "Trois fois il m’a demandĂ© de l’achever, trois fois j’ai refusĂ©". Quand enfin son ami rend son dernier souffle, Alfa porte son corps jusqu'Ă  la tranchĂ©e, en pensant, trop tard, qu'il aurait dĂ» faire ce que lui demandait son ami abrĂ©ger ses souffrances. "Ah, Mademba Diop ! Ce n'est que quand tu t'es Ă©teint que j'ai vraiment commencĂ© Ă  penser. Ce n'est qu'Ă  ta mort, au crĂ©puscule, que j'ai su, j'ai compris que je n'Ă©couterais plus la voix du devoir, la voix qui ordonne, la voix qui impose la voie. Mais c'Ă©tait trop tard", tard. Alpha commence sa guerre. DĂ©cide de ne plus faire le sauvage pour la France "parce que ça l'arrange". Il devient "sauvage par rĂ©flexion". "Quand je sors du ventre de la terre, je suis inhumain par choix, je deviens inhumain un tout petit peu. Non pas parce que le capitaine me l'a commandĂ©, mais parce que je l'ai pensĂ© et voulu". Et il se met Ă  tuer Ă  sa maniĂšre, rĂ©pĂ©tant Ă  chaque sortie de la tranchĂ©e le mĂȘme rituel macabre, une cĂ©rĂ©monie qu'il accomplit en pensant Ă  son "plus que frĂšre" Mademba. Il en choisit un. Un du camp adverse. Il le ligote. Il l'Ă©ventre. Puis il fait pour lui ce qu'il n'a pas fait pour son ami. "DĂšs sa seconde supplication des yeux, je lui tranche la gorge comme aux moutons du sacrifice. Ce que je n'ai pas fait pour Mademba Diop, je le fais pour mon ennemi aux yeux bleus. Par humanitĂ© retrouvĂ©e". Le rituel se finit toujours de la mĂȘme maniĂšre il dĂ©coupe la main de l'ennemi aux yeux bleus, et la rapporte comme un trophĂ©e dans la tranchĂ©e. Au dĂ©but ça rassure ses camarades, qui l'accueillent comme un hĂ©ros. Mais Ă  force, une main, puis deux, puis trois, puis 4,5, 6
 Alpha leur fait peur. Il accomplit jour aprĂšs jour le mĂȘme crime macabre, rien ni personne ne semblant capable de l'arrĂȘter. Jusqu'Ă  ce que le Capitaine l'envoie se "reposer un peu" Ă  l' loin des tranchĂ©es et des obus, Alpha plonge dans son passĂ©. Le village, ses rĂšgles, ses croyances, le chagrin de son pĂšre aprĂšs la disparition de sa mĂšre, son enfance auprĂšs de son ami Mademba, petit et malingre, pendant que lui, Alpha, devenait grand et fort, et le souvenir de "Fary Thiam", la jeune femme qui contre toute les lois du village lui a offert la "joie du corps" avant son dĂ©part pour la guerre, lui donnant un bonheur que son ami et "presque frĂšre" Mademba n'a pas eu la chance de connaĂźtre avant de mourir au front. "Je suis deux voix simultanĂ©es. L'une s'Ă©loigne et l'autre croit", cette citation de Cheikh Hamidou Kane apostĂ©e par l'auteur en exergue de son roman annonce le sortilĂšge Alpha s'enfonce dans ses pensĂ©es, se fond dans les souvenirs, se dissout tant et si fort qu'il finit par se confondre avec son "plus que frĂšre", incorpore son Ăąme Ă  la sienne jusqu'Ă  s'effacer, jusqu'Ă  lui cĂ©der sa place, pour rĂ©parer l'irrĂ©parable, apurer la boucherie, sauver son ami du nĂ©ant et le rendre Ă  la vie, et pour Alpha, se sauver lui-mĂȘme et retrouver le chemin de l'humanitĂ©."FrĂšre d'Ăąme" est un long cri dĂ©chirant, un chant comme une incantation, qu'il faut lire sans rĂ©sister. Laisser les mots vous percuter sans broncher. David Diop ne nous laisse pas le choix. Il faut avancer avec Alpha. L'accompagner jusqu'aux confins. Et vivre ce que des milliers de tirailleurs sĂ©nĂ©galais ont eu Ă  souffrir, Ă  mourir dans une guerre qui ne leur appartenait pas. "FrĂšre d'Ăąme" est aussi l'histoire d'une Ă©mancipation. "Personne ne sait ce que je pense, je suis libre de penser ce que je veux. Ce que je pense c'est qu'on veut que je ne pense pas. L'impensable est cachĂ© derriĂšre les mots du capitaine. La France du capitaine a besoin que nous fassions les sauvages quand ça l'arrange".David Diop construit son histoire par petits cercles, s'Ă©largissant Ă  chaque passage, phrases rĂ©pĂ©tĂ©es, revisitĂ©es, comme un conte s'enrichissant chaque fois qu'il est une nouvelle fois racontĂ©. En faisant sa propre guerre, Alpha brise le joug. MĂȘme s'il faut s'y perdre, il se rĂ©approprie son histoire, comme le fait l'Ă©crivain en la racontant avec ses propres mots, convoquĂ©s loin, trĂšs loin des tranchĂ©es, dans l'histoire, la coutume, le rythme, la musique, l'Ăąme de ses ancĂȘtres. Avec ce premier roman d'une beautĂ© Ă©crasante, David Diop redonne voix aux milliers de soldats africains, si peu entendus, envoyĂ©s Ă  la mort dans une guerre qui ne leur appartenait pas. "FrĂšre d'Ăąme est en lice pour le Goncourt, le Renaudot, le MĂ©dicis, le FĂ©mina, et le Prix InteralliĂ©. "FrĂšre d'Ăąme", David Diop Seuil - 175 pages - 17 €Ah ! Mademba Diop, mon plus que frĂšre, a mis trop de temps Ă  mourir. Ça a Ă©tĂ© trĂšs, trĂšs difficile, ça n'en finissait pas, du matin aux aurores, au soir, les tripes Ă  l'air, le dedans dehors, comme un mouton dĂ©pecĂ© par le boucher rituel aprĂšs son sacrifice. Lui, Mademba, n'Ă©tait pas encore mort qu'il avait le dedans du corps dehors. Pendant que les autres s'Ă©taient rĂ©fugiĂ©s dans les plaies bĂ©antes de la terre qu'on appelle les tranchĂ©es, moi je suis restĂ© prĂšs de Mademba, allongĂ© contre lui, ma main droite dans sa main gauche, Ă  regarder le ciel froid sillonnĂ© de mĂ©tal. Trois fois il m'a demandĂ© de l'achever, trois fois j'ai refusĂ©. C'"Ă©tait avant, avant de m'autoriser Ă  tout penser. Si j'avais Ă©tĂ© tel que je suis aujourd'hui, je l'aurais tuĂ© la premiĂšre fois qu'il me l'a demandĂ©, sa tĂȘte tournĂ©e vers moi, sa main gauche dans ma main droite.""FrĂšre d'Ă€me", page 12 2Facon, 1977, chapitre 4.; 5 La France envoie donc en tout huit divisions sur le front d’Orient. Patrick Facon note que le nombre de soldats qui furent affectĂ©s Ă  l’armĂ©e d’Orient varie, selon les estimations, entre 370 000 et 600 000 hommes, il retient le nombre de 378 000 hommes en s’appuyant sur les chiffres fournis par Franchet d’EspĂšrey ; si l’on Ă©tudie les chiffres Livres Ebooks & liseuses NouveautĂ©s Coups de cƓur Livres Ă  prix rĂ©duits Bons plans Papeterie Jeux Reprise de livres Ce pack Lire des romans contient un fichier pĂ©dagogique fiches d’exercices et d’évaluation liĂ©es Ă  la lecture des ouvrages et 25 romans "Un... Lire la suite 193,00 € ExpĂ©diĂ© sous 3 Ă  6 jours LivrĂ© chez vous entre le 5 septembre et le 6 septembre Ce pack Lire des romans contient un fichier pĂ©dagogique fiches d’exercices et d’évaluation liĂ©es Ă  la lecture des ouvrages et 25 romans "Un tirailleur en enfer" Date de parution 01/01/2022 Editeur Collection ISBN 978-2-37634-248-9 EAN 9782376342489 PrĂ©sentation Pack Poids Kg Dimensions 31,0 cm × 23,0 cm × 8,0 cm Unsous-lieutenant imberbe Ă©treint un drapeau tandis qu’à sa droite, un tirailleur en chĂ©chia semble guetter encore l’ennemi, du cĂŽtĂ© de la Pompelle. À gauche, un autre tirailleur semble avoir Ă©tĂ© surpris au moment oĂč il se lĂšve pour sortir de la tranchĂ©e. DerriĂšre, deux colosses noirs semblent dire : « Nous sommes lĂ , si l’on a besoin de nous ». Un murmure d’admiration RĂ©sumĂ© et sĂ©lection de citations Ă©tablis par Bernard Martial professeur de lettres en CPGE Edition de rĂ©fĂ©rence Rivages poche/ Petite BibliothĂšque. PrĂ©sentation et traduction de Nicolas Waquet Entre numĂ©ros des pages dans cette Ă©dition. En vert citations, en rouge le mot guerre », en bleu le mot paix », en violet les mots clĂ©s de l’argumentation. LIVRE PREMIER Sur la nature de la guerre 2e partie, Ă  114 A l’intĂ©rieur de la structure complexe d’une grande armĂ©e, chaque membre peut recevoir des objectifs ponctuels dĂ©loger l’ennemi d’une colline, d’un pont dont le but n’est pas la destruction des forces ennemies mais la dĂ©monstration de la force. Mais, le plus souvent, cette colline ou ce pont seront pris afin de mieux dĂ©truire la force armĂ©e ennemie. S’il en est dĂ©jĂ  ainsi sur le champ de bataille, quelle dimension cela prend-il sur l’ensemble du théùtre de guerre, oĂč ce ne sont pas simplement deux armĂ©es qui se dressent l’une contre l’autre, mais deux Etats, deux peuples, deux pays ! » Avec l’augmentation du nombre de relations, de dispositions et d’objectifs, le moyen initial s’éloigne davantage de la fin ultime. Il est donc possible que la destruction de la force armĂ©e ennemie ne soit pas la finalitĂ© de l’engagement mais un simple moyen. Dans ce cas, il n’importe plus de le 60 rĂ©aliser car dans l’épreuve de force qui peut consister en une simple Ă©valuation qu’est l’engagement seul compte le rĂ©sultat. On comprend dĂšs lors que des campagnes entiĂšres puissent ĂȘtre conduites trĂšs activement sans que l’engagement effectif y joue un rĂŽle notable. Combien de cas se sont rĂ©solus de cette façon mĂȘme si des renommĂ©es doivent en pĂątir ? Ce qui nous importe ici est de montrer la possibilitĂ© d’un tel dĂ©roulement de l’acte militaire. Il n’y a dans la guerre qu’un seul moyen, l’engagement ». Nous avons considĂ©rĂ© la destruction de la force armĂ©e ennemie comme l’une des fins que l’on peut poursuivre 61 dans la guerre, mais nous n’avons pas examinĂ© l’importance que l’on doit lui donner par rapport aux autres ». L’engagement est la seule action efficace dans la guerre ». La destruction de la force armĂ©e ennemie est le fondement thĂ©orique de toute activitĂ© militaire mĂȘme si l’engagement n’est pas effectif. Le rĂšglement par les armes est aux opĂ©rations de guerre, grandes et petites, ce que le paiement comptant est aux transactions commerciales ». Si le rĂšglement par les armes est le fondement de toutes les combinaisons, il s’ensuit que l’adversaire peut rendre l’une d’elles inopĂ©rante par un affrontement victorieux. 62 Ainsi la destruction de la force armĂ©e ennemie reste-t-elle le moyen suprĂȘme devant lequel tous les autres doivent cĂ©der. Pour autant, on ne peut se lancer dans une charge aveugle dont l’effet serait pire pour notre armĂ©e que pour l’ennemi. L’efficacitĂ© supĂ©rieure n’appartient pas Ă  la voie, mais Ă  la fin, et l’on fait ici que comparer l’effet d’une fin atteinte avec une autre. Lorsque nous parlons de la destruction de la puissance armĂ©e ennemie, il n’est pas seulement question de force armĂ©e physique mais aussi de force morale. Les deux sont indissociables et l’élĂ©ment moral se rĂ©pand facilement dans l’armĂ©e. Le coĂ»t et le danger que comporte la destruction des forces armĂ©es ennemies s’opposent Ă  la valeur prĂ©pondĂ©rante de ce moyen sur tous les autres, et c’est uniquement pour les Ă©viter que l’on s’engage dans d’autres voies. Il est comprĂ©hensible que ce moyen soit coĂ»teux car la dĂ©pense de nos propres forces armĂ©es est 63 d’autant plus grande que notre intention est d’anĂ©antir celles de l’ennemi. Quant au danger de ce moyen, il rĂ©side en ce que l’efficacitĂ© supĂ©rieure que nous recherchons retombe sur nous en cas d’insuccĂšs ; il entraĂźne donc de plus grands inconvĂ©nients. Les autres voies sont moins coĂ»teuses en cas de rĂ©ussite et moins dangereuses en cas d’échec Ă  la condition cependant que l’ennemi emprunte la mĂȘme voie. Car si l’ennemi choisissait la voie d’un rĂšglement par les armes de grande envergure, notre choix tactique deviendrait le sien contre notre volontĂ© et il jouirait d’une probabilitĂ© de succĂšs supĂ©rieure. Mais ce que nous avons dit ici des desseins et des forces orientĂ©s dans une autre direction ne se rapporte qu’aux fins positives, que l’on peut encore se fixer dans la guerre 64 en dehors de la destruction des forces ennemies. Cela ne concerne nullement la pure rĂ©sistance Ă  laquelle on recourt dans l’intention d’épuiser la force ennemie. Dans la rĂ©sistance pure, l’intention positive fait dĂ©faut. Par consĂ©quent, nos forces ne peuvent ĂȘtre dirigĂ©es vers d’autres objectifs, elles ne sont destinĂ©es qu’à annihiler les desseins de l’adversaire ». La destruction de la force armĂ©e ennemie pĂŽle positif et la prĂ©servation de la nĂŽtre pĂŽle nĂ©gatif sont les deux parties d’un mĂȘme dessein. La volontĂ© de dĂ©truire les forces armĂ©es ennemies vise une fin positive et conduit Ă  des succĂšs positifs dont l’objectif final est de terrasser l’adversaire. La prĂ©servation de nos propres forces armĂ©es vise une fin nĂ©gative, et conduit donc Ă  l’échec total du dessein ennemi, c’est-Ă -dire Ă  la rĂ©sistance pure, dont l’objectif final est uniquement de prolonger la durĂ©e de l’action pour Ă©puiser l’adversaire. La volontĂ© dirigĂ©e vers une fin positive engendre l’acte de destruction ; la volontĂ© dirigĂ©e vers une fin nĂ©gative l’attend. Nous aborderons la question de la durĂ©e de l’attente quand nous traiterons de la thĂ©orie de l’offensive et de la dĂ©fensive. Disons simplement pour le moment que l’attente ne doit pas devenir passivitĂ© absolue. Il est dangereux de penser 65 que la solution qui Ă©vite une effusion de sang est toujours prĂ©fĂ©rable. De nombreux gĂ©nĂ©raux ont vu pĂ©rir leur armĂ©e en privilĂ©giant cette volontĂ© nĂ©gative et en tergiversant. Les considĂ©rations qui nous ont menĂ©s jusqu’ici ont bien montrĂ© qu’il existe dans la guerre toutes sortes de voies pour parvenir au but, c’est-Ă -dire Ă  la rĂ©alisation de la fin politique, mais que l’engagement en est l’unique moyen ; par consĂ©quent, tout est soumis Ă  une loi suprĂȘme celle du rĂšglement par les armes. Lorsque l’adversaire y a effectivement recours, on ne peut jamais s’y 66 dĂ©rober ; le belligĂ©rant qui veut emprunter une autre voie doit donc ĂȘtre sĂ»r que l’adversaire n’aura pas recours Ă  ce rĂšglement sous peine de perdre son procĂšs devant cette cour suprĂȘme. En un mot, de toutes les fins qui peuvent ĂȘtre poursuivies dans la guerre, la destruction de la force armĂ©e ennemie apparaĂźt toujours comme celle qui domine tout. Quant Ă  ce que peuvent offrir dans la guerre les combinaisons d’une autre sorte, nous en prendrons connaissance par la suite et peu Ă  peu, naturellement. Contentons-nous ici d’en admettre la possibilitĂ© en gĂ©nĂ©ral, comme une indication du dĂ©calage entre la rĂ©alitĂ© et le concept, et de l’influence des circonstances individuelles. Mais nous ne devons pas omettre de reconnaĂźtre dĂšs Ă  prĂ©sent l’explosion sanglante de la crise, la volontĂ© de dĂ©truire la force armĂ©e ennemie, comme la fille aĂźnĂ©e de la guerre ». Quand les fins politiques sont modestes, les motifs faibles, les tensions des forces minimes, un gĂ©nĂ©ral circonspect et adroit cherchera tous les moyens d’éviter une grande crise et une rĂ©solution sanglante, pour se frayer un passage vers la paix en utilisant les faiblesses de son adversaire dans les domaines diplomatique et militaire. Nul n’a le droit de lui en faire grief, si ses hypothĂšses sont parfaitement fondĂ©es et aptes Ă  mener au succĂšs. Mais il doit toujours avoir conscience qu’il emprunte lĂ  une voie hasardeuse, sur laquelle le dieu de la guerre risque de le surprendre ; il doit toujours garder un Ɠil sur l’adversaire, afin de ne pas l’affronter au fleuret mouchetĂ© quand l’autre l’attaquera avec un sabre tranchant. Ce qu’est la guerre, comment fin et moyen y agissent, comment dans la rĂ©alitĂ© elle s’écarte plus ou moins de son rigoureux concept originel en fluctuations diverses, tout en demeurant cependant toujours soumise Ă  ce concept 67 rigoureux comme Ă  une loi suprĂȘme- tous ces acquis doivent s’ancrer dans notre esprit et y demeurer quand nous examinerons chacun de nos prochains objets d’étude. Cela est indispensable si nous voulons comprendre correctement leurs vĂ©ritables rapports, leur signification propre, sans tomber dans la plus criante contradiction avec la rĂ©alitĂ© et en dĂ©finitive avec nous-mĂȘmes ». Chapitre 3. Le gĂ©nie martial Lorsque les dispositions particuliĂšres d’esprit et de cƓur pour exercer avec virtuositĂ© une activitĂ© atteignent un degrĂ© supĂ©rieur et se manifestent par des actes hors du commun, on dĂ©signe l’esprit qui les possĂšde du nom de gĂ©nie. Nous entendrons ici par gĂ©nie » une puissance intellectuelle exceptionnellement dĂ©veloppĂ©e dans l’exercice d’une activitĂ© dĂ©terminĂ©e. Nous n’allons pas traiter le concept trop large de gĂ©nie mais simplement considĂ©rer la convergence des forces de l’ñme dans l’activitĂ© militaire, que nous pouvons alors envisager comme l’essence du gĂ©nie martial. Le gĂ©nie martial consiste prĂ©cisĂ©ment en cette convergence. 69 Il n’est pas constituĂ© d’une vertu guerriĂšre unique, comme le courage par exemple, tandis que d’autres qualitĂ©s de l’esprit ou du cƓur seraient absentes ou inadaptĂ©es Ă  la guerre ; il est une union harmonieuse des forces, oĂč l’une ou l’autre peut prĂ©dominer, mais oĂč aucune ne doit s’opposer aux autres ». Chez les peuples sauvages et belliqueux, l’esprit martial anime la plupart des guerriers mais l’on trouve rarement un vrai grand gĂ©nĂ©ral ou un gĂ©nie militaire comme dans les peuples civilisĂ©s Romains, Français. Leurs plus grands noms, comme ceux de tous les peuples qui se sont illustrĂ©s dans la guerre, sont toujours justement apparus Ă  des Ă©poques de haute culture. » Les forces intellectuelles occupent donc une place importante dans le gĂ©nie martial supĂ©rieur. La guerre est le domaine du danger ; le courage est donc, avant toute autre chose, la qualitĂ© premiĂšre du guerrier ». Il y a deux sortes de courage 1. le courage face au danger personnel, subdivisĂ© en deux catĂ©gories a indiffĂ©rence face au danger qu’elle provienne de la constitution de l’individu, du dĂ©dain de la vie ou de l’habitude, c’est en tout cas un Ă©tat permanent. Plus sĂ»r comme une seconde nature, il n’abandonne jamais l’homme. Il relĂšve davantage de la constance et ne grise pas l’entendement. b le courage provenant de motifs positifs, comme l’ambition, le patriotisme, l’enthousiasme de toutes sortes. En ce cas, le courage n’est pas tant un Ă©tat qu’un mouvement de l’ñme, un sentiment. Il mĂšne souvent plus loin. Il relĂšve plutĂŽt de la tĂ©mĂ©ritĂ©, accroĂźt la puissance de l’entendement mais le grise parfois. L’union des deux produit la forme la plus parfaite du courage. 2. le courage de faire face Ă  la responsabilitĂ© devant le tribunal d’une instance extĂ©rieure ou de l’instance intĂ©rieure qu’est la conscience. nous n’en parlerons pas ici 71. La guerre est le domaine des efforts et des souffrances physiques. Pour ne pas y succomber, il faut une certaine force du corps et de l’ñme qui, innĂ©e ou acquise, permet d’y ĂȘtre indiffĂ©rent. Muni de ces qualitĂ©s, guidĂ© par le simple bon sens, l’homme est dĂ©jĂ  un solide instrument de guerre ». QualitĂ©s rĂ©pandues chez les peuples sauvages ou Ă  demi civilisĂ©s. Si nous allons plus loin dans ce que la guerre exige de ceux qui s’y consacrent, nous rencontrons, dominante, la puissance intellectuelle. La guerre est le domaine de l’incertitude ». C’est dans ce domaine oĂč flottent les trois quarts des Ă©lĂ©ments sur lesquels se fonde l’action qu’une intelligence fine et pĂ©nĂ©trante est requise, pour discerner la vĂ©ritĂ© Ă  la seule mesure de son jugement. La plupart des situations feront apparaĂźtre ce dĂ©faut d’intelligence mĂȘme si, exceptionnellement la vĂ©ritĂ© peut ĂȘtre trouvĂ©e par hasard par une intelligence ordinaire ou si un courage extraordinaire peut compenser une erreur de jugement. La guerre est le domaine du hasard », plus que dans toute autre activitĂ© humaine. Le hasard accroĂźt l’incertitude dans toutes les circonstances et trouble le cours des Ă©vĂ©nements. Rien n’étant jamais sĂ»r du fait du hasard, le combattant ne peut jamais ĂȘtre sĂ»r de ces plans d’action 72 mais, pour en concevoir d’autres, il faudrait disposer de donnĂ©es qui font souvent dĂ©faut, ce qui accroĂźt l’incertitude Si notre esprit veut sortir victorieux de ce combat constant avec l’imprĂ©vu, deux qualitĂ©s lui sont indispensables 1. une intelligence qui, dans cette obscuritĂ© plus intense, garde quelque vestige de cette lumiĂšre intĂ©rieure qui le guide vers la vĂ©ritĂ© le coup d’Ɠil en français ; 2. le courage de suivre cette faible lueur la rĂ©solution. L’engagement est, dans la guerre, l’élĂ©ment qui a d’abord et le plus souvent attirĂ© l’attention ». La notion de coup d’Ɠil dĂ©signant toute dĂ©cision rapide et prĂ©cise est nĂ©e de l’apprĂ©ciation visuelle des deux facteurs du temps et de l’espace charges rapides de cavalerie 73 puis est devenue synonyme de rapiditĂ© d’accession Ă  la vĂ©ritĂ© pas forcĂ©ment par le simple regard. La rĂ©solution est un acte de courage dans chaque situation particuliĂšre ; si elle devient un trait de caractĂšre, elle est une habitude de l’ñme. Il ne s’agit pas ici du courage face au danger physique mais face Ă  la responsabilitĂ©, donc en quelque sorte, au danger moral. On l’a souvent nommĂ© courage d’esprit en français, car il provient de l’esprit bien qu’il ne soit pas pour autant un acte purement intellectuel mais plutĂŽt un produit du tempĂ©rament. La pure intelligence n’est pas courage, car nous voyons souvent les gens les plus intelligents demeurer sans aucune rĂ©solution. L’esprit doit donc tout d’abord Ă©veiller le sentiment du courage afin que ce dernier le maintienne et le soutienne car, dans la fiĂšvre de l’instant, les hommes obĂ©issent davantage Ă  leurs sentiments qu’à leur intellect ». 74 La rĂ©solution, que le langage courant nomme goĂ»t du risque, penchant pour l’audace, tĂ©mĂ©ritĂ©, hardiesse, lĂšve les souffrances du doute et les dangers de l’hĂ©sitation lorsque les motifs ne sont pas assez puissants pour pousser Ă  l’action. Dans le cas contraire motifs dominants, il n’y a pas de raison de parler de rĂ©solution car il n’y a pas de doutes. On ne peut parler ici que de force ou de faiblesse. Cette rĂ©solution qui triomphe de l’état de doute ne peut ĂȘtre suscitĂ©e que par une orientation particuliĂšre de l’entendement, alliant esprit pĂ©nĂ©trant et courage nĂ©cessaire. Elle n’existe que par un acte de l’esprit, qui porte Ă  la conscience la nĂ©cessitĂ© de l’audace et par lĂ  dĂ©termine la volontĂ©. Cette orientation trĂšs particuliĂšre de l’entendement 75 qui, avec la peur de l’indĂ©cision et de l’hĂ©sitation, maĂźtrise toute autre peur en l’homme, constitue la rĂ©solution dans les Ăąmes puissantes. Des hommes d’intelligence mĂ©diocre peuvent certes agir sans hĂ©sitation mais dĂšs lors qu’ils agissent sans rĂ©flexion, ils ne sont pas animĂ©s par le doute, beaucoup d’officiers de hussards peuvent Ă©galement ĂȘtre rĂ©solus sans ĂȘtre de grands penseurs mais il est bien ici question d’une orientation particuliĂšre de l’entendement. La rĂ©solution doit donc son existence Ă  une orientation particuliĂšre de l’esprit qui appartient Ă  une intelligence plus puissante que brillante. Pour justifier cette gĂ©nĂ©alogie de la rĂ©solution, nous pouvons mentionner, Ă  titre d’exemple, un grand nombre d’hommes qui ont fait preuve de la plus grande rĂ©solution dans des rangs infĂ©rieurs et l’ont perdue en accĂ©dant Ă  un poste supĂ©rieur. ParalysĂ©s par l’irrĂ©solution, ils ne savent plus prendre les dĂ©cisions alors qu’ils avaient l’habitude d’agir sous la force de l’impulsion. 76 Le coup d’Ɠil et la rĂ©solution nous conduisent directement Ă  parler de la prĂ©sence d’esprit qui leur est apparentĂ©e. Cette qualitĂ© joue un rĂŽle majeur dans le royaume de l’imprĂ©vu qu’est la guerre car elle n’est rien d’autre qu’une capacitĂ© supĂ©rieure Ă  vaincre l’imprĂ©visible ». L’expression prĂ©sence d’esprit, qui peut s’exprimer par la rĂ©partie Ă  une apostrophe ou la parade face Ă  un danger, dĂ©finit prĂ©cisĂ©ment et de façon trĂšs appropriĂ©e la justesse et la promptitude avec lesquelles l’intelligence offre son aide. Une repartie pertinente est davantage l’Ɠuvre d’un esprit spirituel ; un moyen appropriĂ© Ă  un pĂ©ril soudain suppose avant tout un tempĂ©rament Ă©quilibrĂ©. Mais aucun des deux ne doit faire complĂštement dĂ©faut. Si l’on embrasse du regard les quatre composantes qui constituent l’atmosphĂšre dans laquelle Ă©volue la guerre, Ă  savoir le danger, l’effort physique, l’incertitude et le hasard, on conçoit alors aisĂ©ment qu’il faut une grande force d’ñme et d’esprit pour avancer avec sĂ»retĂ© et succĂšs dans cet Ă©lĂ©ment compliquĂ© ». Les historiens et les chroniqueurs militaires dĂ©signent cette force sous les noms d’énergie, de fermetĂ©, de persĂ©vĂ©rance, et de force d’ñme et de caractĂšre. On pourrait considĂ©rer toutes ces manifestations 77 de la nature hĂ©roĂŻque comme une seule et mĂȘme force de volontĂ© mais nous avons intĂ©rĂȘt Ă  distinguer de maniĂšre relativement prĂ©cise le jeu des forces de l’ñme. Le poids, la charge, la rĂ©sistance, ce qui exige cette force de l’ñme de la part de l’officier, n’est que pour une part infime le rĂ©sultat immĂ©diat de l’activitĂ© ennemie, de la rĂ©sistance ennemie, des opĂ©rations ennemies. L’action directe de l’activitĂ© ennemie sur l’officier ne touche d’abord que sa propre personne, sans affecter son activitĂ© de chef. En second lieu, la rĂ©sistance ennemie agit immĂ©diatement sur le chef par la perte des moyens qu’engendre une rĂ©sistance prolongĂ©e, et par la responsabilitĂ© qui y est attachĂ©e. C’est Ă  ce moment-lĂ  que sa force de volontĂ© sera mise Ă  l’épreuve et au dĂ©fi pour la premiĂšre fois par le biais de ses rĂ©flexions tourmentĂ©es. Mais ceci est un problĂšme qu’il ne doit rĂ©gler qu’avec lui-mĂȘme. Tous les autres effets de la rĂ©sistance ennemie sont dirigĂ©s sur les combattants qu’il commande et rĂ©agissent sur lui par leur intermĂ©diaire. Tant qu’une troupe pleine de courage combat facilement et avec entrain, il est rare que l’officier ait Ă  dĂ©ployer une grande force de volontĂ© pour poursuivre son objectif. 78 Mais dĂšs que la situation devient difficile, le chef doit faire preuve d’une grande volontĂ© pour surmonter une rĂ©sistance qui n’est pas forcĂ©ment due Ă  l’insubordination des soldats mais peut ĂȘtre liĂ©e Ă  l’impression gĂ©nĂ©rale d’épuisement des forces physiques et morales. S’il ne parvient pas Ă  rallumer chez eux la flamme de la rĂ©solution et de l’espoir, il plonge avec eux dans l’animalitĂ© qui fuit le danger et ignore la honte. La force de la volontĂ© du chef doit Ă©videmment ĂȘtre proportionnelle Ă  son rang et Ă  ses charges. 79 L’énergie dans l’action exprime la vigueur du motif qui a suscitĂ© cette action, que ce motif procĂšde d’une conviction intellectuelle ou d’un mouvement affectif qui ne saurait manquer lorsqu’il s’agit de dĂ©ployer une grande force. La soif de gloire et d’honneur est le plus puissant et le plus constant des sentiments Ă©levĂ©s que le cƓur humain Ă©prouve dans la fiĂšvre du combat mĂȘme si la langue allemande le dĂ©prĂ©cie en lui associant deux termes pĂ©joratifs Ehrgeiz » et Ruhmsucht », arrivisme et gloriole. Il est vrai que c’est prĂ©cisĂ©ment dans la guerre que l’abus de ces fiĂšres aspirations a gĂ©nĂ©rĂ© les plus rĂ©voltantes injustices Ă  l’encontre de l’humanitĂ©. Mais en vertu de leur origine, ces sentiments doivent ĂȘtre comptĂ©s parmi les plus nobles de la nature humaine ; et ce sont eux en vĂ©ritĂ© qui, dans la guerre, insufflent la vie et donnent une Ăąme Ă  ce corps monstrueux ». Tous les autres sentiments largement rĂ©pandus et apparemment supĂ©rieurs comme le patriotisme, le fanatisme idĂ©ologique, la vengeance, les enthousiasmes de toutes sortes, ne remplacent pas l’ambition et le dĂ©sir de gloire et n’incitent pas le chef Ă  se surpasser. C’est son ambition qui fait d’une action militaire prĂ©cise la propriĂ©tĂ© du commandant 80. Ya-t-il d’ailleurs jamais eu un grand gĂ©nĂ©ral dĂ©nuĂ© d’ambition ? La fermetĂ© indique la rĂ©sistance de la volontĂ© face Ă  la puissance d’une frappe unique, la persĂ©vĂ©rance face Ă  la durĂ©e. LĂ  oĂč la fermetĂ© peut reposer sur la vigueur d’un sentiment, la persĂ©vĂ©rance exige plutĂŽt le soutien de l’entendement car avec la durĂ©e, une action se conforme de plus en plus Ă  un systĂšme. Tournons-nous vers la force d’ñme ou de caractĂšre. La premiĂšre question consiste Ă  savoir ce que nous devons entendre par lĂ . Cette force de caractĂšre n’est pas la vĂ©hĂ©mence ou l’emportement mais la maĂźtrise de soi, facultĂ© d’obĂ©ir Ă  la raison mĂȘme aux instants des plus violents bouleversements 81 qui a son siĂšge dans le tempĂ©rament mĂȘme. Chez les Ăąmes fortes, le sentiment de la dignitĂ© humaine, cet orgueil le plus noble, ce besoin le plus profond de l’ñme d’agir en toutes circonstances comme un ĂȘtre douĂ© de discernement et de raison contrebalance la passion dĂ©chaĂźnĂ©e sans l’anĂ©antir. Nous pourrions donc dire qu’une Ăąme forte est celle qui, mĂȘme dans les Ă©lans les plus impĂ©tueux, ne perd pas son Ă©quilibre. Jetons un regard sur la diversitĂ© des tempĂ©raments humains ou indolents hommes Ă  la vivacitĂ© faible Difficile de parler de force d’ñme car toute manifestation de force leur fait dĂ©faut. Il faut reconnaĂźtre qu’à la guerre, en raison prĂ©cisĂ©ment de leur Ă©quilibre constant, ces hommes sont d’une certaine efficacitĂ© ». Cette efficacitĂ© n’est que partielle car il leur manque l’impulsion mais ils ruinent rarement une opĂ©ration. mais calmes des gens trĂšs vifs, mais dont les sentiments n’excĂšdent jamais une certaine intensitĂ© Facilement incitĂ©s Ă  l’action par de petites choses et accablĂ©s par les grandes. DĂ©ploieront une vive activitĂ© pour venir en aide Ă  un seul mais le malheur d’un peuple entier les consternera sans les pousser Ă  agir. Dans la guerre, ces hommes ne manqueront ni d’activitĂ© ni d’équilibre, mais ils n’accompliront jamais rien de grand ; Ă  moins de possĂ©der une intelligence trĂšs puissante qui leur en donne le motif ». Il est rare qu’une intelligence vigoureuse et indĂ©pendante s’allie Ă  de tels tempĂ©raments. personnes trĂšs excitables dont les sentiments s’enflamment vite et violemment, comme la poudre, mais s’éteignent rapidement. Les caractĂšres bouillonnants, enflammĂ©s, se prĂȘtent peu Ă  la vie pratique, et donc aussi peu Ă  la guerre ». Leurs impulsions puissantes sont puissantes mais brĂšves. Si leur vivacitĂ© est canalisĂ©e vers le courage et l’ambition, ils seront souvent des subalternes d’une grande utilitĂ© dans la guerre ; pour la simple raison qu’un 83 chef peu gradĂ© ne commande que des actes militaires de courte durĂ©e ». Les actions hĂ©roĂŻques durent peu. Du fait de la rapiditĂ© impĂ©tueuse de leurs sentiments, ces hommes ont deux fois plus de mal Ă  maintenir leur Ă©quilibre ; c’est pourquoi il leur arrive frĂ©quemment de perdre la tĂȘte, ce qui est la pire des choses lorsqu’on est en guerre ». Mais ces tempĂ©raments excitables sont capables de conserver leur Ă©quilibre et d’avoir leur dignitĂ© mais celle-ci s’exprime souvent aprĂšs coup avec le recul. hommes aux passions Ă©nergiques, profondes et secrĂštes. des ĂȘtres que les motifs minimes n’ébranlent pas, qui ne s’émeuvent pas rapidement mais graduellement, et dont les sentiments deviennent trĂšs puissants et bien plus durables. Les hommes peu Ă©motifs qui Ă©prouvent des Ă©motions profondes sont les plus aptes Ă  dĂ©placer les masses immenses que reprĂ©sentent les difficultĂ©s inhĂ©rentes Ă  l’action militaire 84. S’ils ne se laissent pas emporter par leurs sentiments au point d’en avoir honte cf supra ils peuvent perdre leur Ă©quilibre et ĂȘtre soumis Ă  une passion aveugle si le noble orgueil de la maĂźtrise de soi vient Ă  leur manquer. Une Ăąme forte n’est pas une Ăąme simplement susceptible de puissants Ă©lans, mais une Ăąme capable de garder son Ă©quilibre dans les Ă©lans les plus puissants. Si bien que, malgrĂ© les tempĂȘtes qui se dĂ©chaĂźnent dans sa poitrine, son discernement et ses convictions conservent toute leur finesse pour jouer leur rĂŽle. Ce qu’on nomme la force de caractĂšre » ou, tout simplement, le caractĂšre », dĂ©signe la fermetĂ© avec laquelle un homme garde ses convictions d’oĂč qu’elles viennent jugement personnel ou extĂ©rieur, principes, opinions, inspirations ou tout autre produit de l’esprit. Cette qualitĂ© ne s’applique qu’à des hommes dont les convictions sont trĂšs constantes, soit parce qu’elles sont profondĂ©ment enracinĂ©es et claires, et se prĂȘtent donc peu au changement, soit parce que le manque d’activitĂ© de l’entendement ne donne aucun motif de changement, comme chez les hommes indolents, soit enfin parce qu’un acte formel de la volontĂ©, issu d’un principe souverain de la raison, rejette jusqu’à un certain point tout changement d’opinion. Or, Ă  la guerre- du fait des impressions fortes et innombrables que reçoit la sensibilitĂ©, du doute qui Ă©branle tout savoir et tout jugement- un homme a beaucoup plus de raisons que dans toute autre activitĂ© humaine de s’écarter du chemin qu’il s’est choisi et d’ĂȘtre dĂ©concertĂ© par lui-mĂȘme ou par les autres ». La vue des souffrances donnant facilement plus de poids aux sentiments qu’aux convictions intellectuelles, un changement de jugement est plus excusable et plus comprĂ©hensible. C’est pourquoi les divergences de vues ne sont nulle part aussi affirmĂ©es qu’à la guerre, oĂč le flux torrentiel des impressions contrarie sans cesse nos convictions. Ces impressions sont si fortes et si vives, dans leur assaut combinĂ© contre l’esprit et la sensibilitĂ©, que mĂȘme le plus flegmatique des hommes aura grand mal Ă  s’en protĂ©ger ». 86 Seuls les idĂ©es et les principes gĂ©nĂ©raux qui dirigent l’action depuis un point de vue supĂ©rieur et antĂ©rieur permettent de rĂ©sister au flux des opinions et des impressions suscitĂ© par le prĂ©sent. GrĂące Ă  cette prĂ©rogative que nous accordons dans les cas douteux Ă  nos convictions antĂ©rieures, grĂące Ă  la fermetĂ© avec laquelle nous nous y tenons, notre action acquiert cette stabilitĂ© et cette continuitĂ© que l’on nomme caractĂšre. On comprend facilement Ă  quel point l’équilibre du tempĂ©rament favorise la force de caractĂšre ; aussi les hommes d’une grande force d’ñme ont-ils la plupart du temps beaucoup de caractĂšre. La force de caractĂšre nous conduit Ă  en examiner une forme abĂątardie, Ă  savoir l’obstination. Il est souvent trĂšs difficile de dire concrĂštement oĂč commence l’une et oĂč finit l’autre ; en revanche, la diffĂ©rence abstraite entre les deux ne semble pas difficile Ă  Ă©tablir. 87 L’obstination refus de se soumettre Ă  une meilleure comprĂ©hension des choses n’est pas un dĂ©faut intellectuel on peut mĂȘme attribuer ce refus Ă  l’intelligence, c’est un dĂ©faut du tempĂ©rament. Cette inflexibilitĂ© de la volontĂ©, ne relĂšve que d’une forme particuliĂšre d’amour-propre, qui place au-dessus de tout la satisfaction de rĂ©gner sur soi et sur les autres par la seule activitĂ© de son propre esprit. Mieux que la vanitĂ© qui se satisfait de l’apparence, l’obstination tire satisfaction de la rĂ©alitĂ©. La force de caractĂšre devient obstination dĂšs que la rĂ©sistance au jugement d’autrui ne rĂ©sulte ni d’une conviction mieux fondĂ©e, ni de la foi en un principe supĂ©rieur, mais d’un sentiment d’opposition. Cette obstination est diffĂ©rente de la simple intensification de la force de caractĂšre. Beaucoup d’hommes trĂšs obstinĂ©s manquent de force de caractĂšre par dĂ©faut de caractĂšre. AprĂšs avoir appris Ă  reconnaĂźtre le grand chef de guerre Ă  la virtuositĂ© avec laquelle il emploie ces qualitĂ©s, oĂč le tempĂ©rament et l’intelligence agissent conjointement, nous en arrivons maintenant Ă  une particularitĂ© de l’activitĂ© militaire. Bien qu’elle ne soit pas la plus importante et qu’elle ne fasse appel qu’à la capacitĂ© intellectuelle, sans mobiliser la force de caractĂšre, il faut peut-ĂȘtre la considĂ©rer comme la plus forte. Il s’agit de la 88 relation que la guerre entretient avec le terrain et le pays ». Cette relation est 1. permanente une armĂ©e organisĂ©e ne peut mener une action militaire que dans un espace dĂ©terminĂ©. 2. d’une importance dĂ©cisive elle modifie les effets de toutes les forces, et les change parfois totalement. 3. Elle peut tout aussi bien porter sur les traits les plus minimes d’une localitĂ©, qu’embrasser les plus vastes Ă©tendues. De la sorte, ce rapport entre la guerre, le terrain et le pays confĂšre Ă  l’activitĂ© militaire un caractĂšre tout Ă  fait particulier ». Les autres activitĂ©s humaines qui sont fondĂ©es sur une relation avec le milieu sont toutes circonscrites Ă  des espaces trĂšs limitĂ©s, faciles Ă  explorer rapidement avec une exactitude suffisante. Le chef de guerre doit en revanche soumettre son activitĂ© Ă  un espace qui y collabore, un espace que son regard ne peut embrasser, que le zĂšle le plus empressĂ© ne peut pas toujours explorer, et dont il acquiert rarement une vĂ©ritable connaissance du fait des changements continuels ». Cette difficultĂ© est gĂ©nĂ©ralement partagĂ©e avec l’adversaire sauf si l’un connait mieux le terrain que l’autre. Celui qui arrivera Ă  la dominer en tirera un avantage considĂ©rable. Pour vaincre cette difficultĂ© trĂšs particuliĂšre, il faut une disposition d’esprit toute particuliĂšre nommĂ©e 89 sens de l’orientation facultĂ© de se faire rapidement de tout terrain une reprĂ©sentation gĂ©omĂ©trique exacte, et par consĂ©quent de s’y retrouver facilement Ă  chaque fois. MĂȘme si l’Ɠil et l’entendement interviennent et si la mĂ©moire est d’un grand secours, le sens de l’orientation fait essentiellement intervenir cette facultĂ© mentale que l’on nomme imagination. 90 L’entraĂźnement et le discernement interviennent Ă©normĂ©ment exemple de PuysĂ©gur, quartier-maĂźtre gĂ©nĂ©ral de Luxembourg. L’usage de ce talent s’accroĂźt naturellement avec le grade. Une simple capacitĂ© de conception et de reprĂ©sentation suffira au hussard ou au chasseur pour conduire une patrouille alors que le gĂ©nĂ©ral devra ĂȘtre capable d’avoir une idĂ©e gĂ©nĂ©ral de la gĂ©ographie d’un pays 91 pour donner Ă  son action plus de fermetĂ©. Cette facultĂ© a Ă©tĂ© attribuĂ©e Ă  l’imagination ; c’est en effet le seul service que l’activitĂ© militaire demande Ă  cette dĂ©esse turbulente, qui lui est d’ailleurs plutĂŽt nuisible qu’utile. Nous pensons avoir pris en considĂ©ration toutes les manifestations des forces intellectuelles et morales que l’activitĂ© militaire exige de la nature humaine. L’entendement apparaĂźt partout comme une puissance dont la collaboration est essentielle. On comprendra alors pourquoi l’acte guerrier, qui se traduit par des phĂ©nomĂšnes si simples et si peu complexes, ne saurait ĂȘtre accompli de façon remarquable par des individus dont les capacitĂ©s intellectuelles ne seraient pas elles-mĂȘmes remarquables. Une fois cette idĂ©e acquise, on ne peut plus attribuer Ă  un effort intellectuel considĂ©rable une opĂ©ration simple mille fois rĂ©pĂ©tĂ©e, comme le contournement d’une position ennemie, ou cent autres du mĂȘme type. Si l’on oppose souvent le valeureux soldat aux dirigeants cultivĂ©s, les exemples prouve ntque le courage ne suffit pas Ă  l’un et la capacitĂ© mentale Ă  l’autre 92. Mais nous parlons ici d’actes exceptionnels qui procurent le renom dans le domaine d’activitĂ© oĂč ils sont rĂ©alisĂ©s. Dans celui de la guerre, Ă  chaque Ă©chelon du commandement correspond donc un niveau particulier d’intelligence nĂ©cessaire, de gloire et d’honneur. Un abĂźme profond sĂ©pare le chef suprĂȘme- le gĂ©nĂ©ral placĂ© Ă  la tĂȘte d’une guerre entiĂšre ou d’un théùtre de guerre- du commandant situĂ© immĂ©diatement sous ses ordres ; pour la simple raison que ce dernier est bien plus prĂšs de ce qu’il doit diriger et superviser, ce qui restreint donc beaucoup le cercle de sa propre activitĂ© intellectuelle ». C’est pourquoi l’opinion commune ne voit d’esprit Ă©minent qu’à ce poste suprĂȘme, et croit qu’une intelligence moyenne suffit Ă  tous les rangs infĂ©rieurs. Nous voulons seulement montrer les choses telles qu’elles sont, et mettre en garde contre l’erreur de croire qu’à la guerre un bretteur Ă©cervelĂ© peut accomplir des exploits ». Si nous exigeons des capacitĂ©s intellectuelles proportionnelles au grade, on ne doit pas mĂ©sestimer la nature remarquable de l’intelligence pratique des hommes qui occupent des places de second rang dans une armĂ©e 93. Certains hommes parvenus Ă  des postes supĂ©rieurs ne mĂ©ritent plus la gloire qu’ils ont acquise dans un poste infĂ©rieur. Du grade le plus bas jusqu’au plus Ă©levĂ©, les exploits militaires exceptionnels vont donc de pair avec un gĂ©nie particulier. Cependant, l’Histoire et le jugement de la postĂ©ritĂ© ont coutume de rĂ©server l’appellation de gĂ©nie aux esprits qui ont brillĂ© Ă  la tĂȘte des armĂ©es, aux gĂ©nĂ©raux en chef car cette fonction exige des capacitĂ©s intellectuelles et morales trĂšs supĂ©rieures. Pour mener brillamment Ă  son terme une guerre entiĂšre, ou ses opĂ©rations les plus vastes que l’on nomme campagnes, il faut une grande intelligence des plus hautes donnĂ©es politiques de l’Etat. La conduite de la guerre et la politique convergent ici, et le gĂ©nĂ©ral devient en mĂȘme temps homme d’Etat ». On ne qualifie pas Charles XII et Henri IV de grands gĂ©nies 94. Pour ce qu’un gĂ©nĂ©ral doit mesurer et comprendre d’un seul coup d’Ɠil, cf chapitre 1. Nous avons dit que le gĂ©nĂ©ral devient homme d’Etat ; mais il ne doit pas cesser d’ĂȘtre homme de guerre. D’un cĂŽtĂ©, son regard embrasse toutes les relations politiques ; de l’autre, il sait parfaitement ce qu’il peut accomplir avec les moyens qu’il possĂšde ». Le gĂ©nĂ©ral doit pressentir instinctivement la vĂ©ritĂ© dans la multiplicitĂ© et l’imprĂ©cision de toutes les donnĂ©es au risque de ne pouvoir juger. En ce sens, Bonaparte a dit fort justement que bien des dĂ©cisions qui incombent au gĂ©nĂ©ral pourraient constituer des problĂšmes mathĂ©matiques dignes d’un Newton et d’un Euler. On exige ici des facultĂ©s supĂ©rieures de l’esprit, l’unitĂ© et le jugement clairvoyant. Mais cette activitĂ© supĂ©rieure de l’esprit, ce regard du gĂ©nie, ne deviendrait pas phĂ©nomĂšne 95 historique sans le soutien des qualitĂ©s de tempĂ©rament et de caractĂšre que nous avons analysĂ©es. La vĂ©ritĂ© en elle-mĂȘme est pour l’homme une motivation extrĂȘmement faible. C’est pourquoi il y a toujours une grande diffĂ©rence entre savoir et vouloir, entre connaĂźtre et pouvoir. Le motif le plus fort qui pousse l’homme Ă  agir passe toujours par les sentiments ; et le renfort le plus puissant, si l’on peut dire, par cette fusion de l’esprit et du cƓur que nous avons identifiĂ©e dans la rĂ©solution, la fermetĂ©, la persĂ©vĂ©rance et la force de caractĂšre. Si d’ailleurs cette activitĂ© supĂ©rieure de l’entendement et du tempĂ©rament chez le gĂ©nĂ©ral Ă©tait admise a priori, sans se manifester dans le rĂ©sultat final de son acte, elle s’inscrirait rarement dans l’Histoire ». Le peu qu’on connaĂźt gĂ©nĂ©ralement des Ă©vĂ©nements militaires ne fait pas apparaĂźtre les difficultĂ©s rĂ©elles qu’il a fallu surmonter. De temps Ă  autre seulement, dans les mĂ©moires d’un gĂ©nĂ©ral ou de l’un de ses confidents, ou Ă  l’occasion d’une recherche historique particuliĂšrement poussĂ©e sur un Ă©vĂ©nement prĂ©cis, quelques-uns des nombreux fils qui tissent la trame de la guerre apparaissent Ă  la lumiĂšre du jour ». La plupart des rĂ©flexions et des dilemmes qui prĂ©cĂ©dent une opĂ©ration importante sont intentionnellement dissimulĂ©s. 96 Si nous nous demandons enfin quelle sorte d’intelligence correspond le plus au gĂ©nie martial, l’expĂ©rience et l’investigation nous diront que c’est davantage celle qui scrute que celle qui crĂ©e, celle qui embrasse plutĂŽt que celle qui dissĂšque, que c’est davantage aux tĂȘtes froides qu’aux tĂȘtes chaudes que l’on confiera le salut de nos frĂšres et de nos enfants, l’honneur et la sĂ©curitĂ© de notre patrie. 97 Chapitre 4. Du danger dans la guerre L’idĂ©e que l’on se fait d’habitude du danger avant de l’avoir connu est plutĂŽt attirante que repoussante. L’auteur se fait ici narrateur en accompagnant le novice sur le champ de bataille oĂč le danger grandit 98. Un novice ne traversera pas ces diffĂ©rentes strates du danger sans percevoir que la pensĂ©e fonctionne ici autrement que dans son activitĂ© spĂ©culative. Il faudrait ĂȘtre un homme vraiment hors du commun pour ne pas perdre, dans ces premiĂšres impressions, la facultĂ© de se dĂ©cider instantanĂ©ment. MĂȘme s’il s’habitue en partie, l’homme ordinaire n’atteint jamais le dĂ©tachement parfait et l’élasticitĂ© naturelle de l’ñme. Une bravoure enthousiaste, stoĂŻque, innĂ©e, une ambition impĂ©rieuse ou une longue familiaritĂ© avec le danger, il faut beaucoup de tout cela pour que l’action, dans ce milieu oĂč tout est plus difficile, ne demeure pas en deçà de ce qui semble ordinaire quand on l’étudie en chambre. Le danger de la guerre relĂšve du phĂ©nomĂšne de friction ». Il est essentiel d’en avoir une idĂ©e juste. 100 Chapitre 5. De l’effort physique dans la guerre Les jugements subjectifs portĂ©s sur les Ă©vĂ©nements militaires ont le mĂ©rite d’ĂȘtre subjectifs, c’est-Ă -dire de renfermer exactement le rapport entre celui qui porte le jugement et ce qui en fait l’objet. Et les tĂ©moins gĂ©nĂ©ralement les dĂ©prĂ©cient, surtout s’ils furent au cƓur de l’évĂ©nement. C’est lĂ  une mesure de l’influence exercĂ©e par l’effort physique et un indice de son importance dans le processus du jugement. Parmi les nombreux Ă©lĂ©ments non mesurables de la guerre, le principal est l’effort physique ». A condition de ne pas ĂȘtre gaspillĂ©, il est un coefficient de toutes les forces, et personne ne peut dire exactement jusqu’oĂč il peut ĂȘtre poussĂ©. C’est une chose qu’une armĂ©e entourĂ©e de dangers, qui est proche de la fin 101 et ne peut trouver son salut que dans l’extrĂȘme tension de ses forces physiques mais c’en est une autre qu’une armĂ©e victorieuse, entraĂźnĂ©e par un sentiment de fiertĂ© et conduite par le bon plaisir de son gĂ©nĂ©ral. Le mĂȘme effort, qui dans le premier cas peut tout au plus susciter notre compassion, doit nous remplir d’admiration pour le second, car il y est bien plus difficile Ă  obtenir. L’Ɠil inexpĂ©rimentĂ© voit donc apparaĂźtre Ă  la lumiĂšre l’un des facteurs qui enchaĂźnent dans l’obscuritĂ© les mouvements de l’esprit et dĂ©vorent en secret les forces de l’ñme. Bien qu’il ne s’agisse ici prĂ©cisĂ©ment que de l’effort que le gĂ©nĂ©ral impose Ă  son armĂ©e et le chef Ă  ses subordonnĂ©s, donc du courage pour l’exiger et de l’art de la maintenir, il ne faut cependant pas nĂ©gliger l’effort physique du chef et du gĂ©nĂ©ral lui-mĂȘme. AprĂšs avoir poussĂ© consciencieusement l’analyse de la guerre jusqu’ici, nous devons prendre aussi en considĂ©ration le poids de ces scories ». L’effort physique comme le danger appartient aux causes fondamentales de friction et sa mesure est incertaine. Pour Ă©viter les abus issus de ces considĂ©rations, de cette estimation des conditions qui aggravent la guerre, la nature a confiĂ© Ă  notre sensibilitĂ© la conduite de notre jugement ». Un individu insultĂ© n’a pas intĂ©rĂȘt Ă  faire Ă©tat de son imperfection de mĂȘme que le gĂ©nĂ©ral battu 102 ne pourra invoquer les dangers qui auraient rehaussĂ© sa victoire. Notre sentiment nous interdit donc l’équitĂ© apparente vers laquelle nous pousserait notre jugement, si bien que le sentiment se rĂ©vĂšle ĂȘtre un jugement supĂ©rieur. 103 Chapitre 6. Les renseignements dans la guerre Nous dĂ©signons sous le terme de renseignements l’ensemble de la connaissance que l’on a de l’ennemi et de son pays, donc le fondement de tous nos projets et de toutes nos opĂ©rations. Que l’on considĂšre un instant la nature de ce fondement, son incertitude et son instabilitĂ©, et l’on sentira vite Ă  quel point l’édifice de la guerre est fragile, dangereux, et avec quelle facilitĂ© il peut s’écrouler et nous ensevelir sous ses dĂ©combres. Tous les manuels rĂ©pĂštent bien que l’on ne doit se fier qu’aux renseignements sĂ»rs, que l’on ne doit jamais se dĂ©partir de sa mĂ©fiance ». Mais ce principe thĂ©orique qui donne bonne conscience Ă  leurs auteurs se heurte Ă  la rĂ©alitĂ©. Une grande part des renseignements que l’on reçoit en temps de guerre est contradictoire, une part plus grande encore est fausse et la majoritĂ© est de loin passablement douteuse. Ce que l’on peut alors exiger d’un officier, c’est un certain discernement, que seuls procurent la compĂ©tence, la psychologie et le jugement. La loi des probabilitĂ©s doit le guider. Cette difficultĂ© n’est dĂ©jĂ  pas nĂ©gligeable au moment des premiers plans Ă©laborĂ©s en chambre, en dehors de la sphĂšre de la guerre proprement 104 dite, mais elle est infiniment plus grande dans la mĂȘlĂ©e de la guerre elle-mĂȘme oĂč un renseignement bouscule l’autre ; c’est alors une chance si un certain Ă©quilibre naĂźt de leur contradiction et s’ils suscitent d’eux-mĂȘmes la critique ». La situation est pire pour celui qui n’a pas d’expĂ©rience mais que l’accumulation de renseignements faux conduit Ă  une mauvaise dĂ©cision. Le chef doit avoir une confiance inĂ©branlable en sa conviction intĂ©rieure et rĂ©sister au pessimisme des visions nĂ©gatives. Le rĂŽle est difficile et celui que l’expĂ©rience militaire n’a pas aguerri et affermi dans son jugement doit prendre pour rĂšgle de se forcer Ă  pencher du cĂŽtĂ© de ses espoirs plutĂŽt que du cĂŽtĂ© de ses craintes, en dĂ©pit de son intime conviction. C’est seulement de cette maniĂšre qu’il rĂ©tablira un vĂ©ritable Ă©quilibre. Voir exactement cette difficultĂ©, qui constitue l’une des plus importantes frictions de la guerre, donne une vision des choses complĂštement diffĂ©rente de celle que l’on avait imaginĂ©e. Les impressions des sens sont plus fortes que les calculs de l’intelligence rĂ©flexive". Au point 105 qu’une opĂ©ration un tant soit peu importante n’a jamais Ă©tĂ© conduite sans que le commandant n’ait dĂ» triompher de nouveaux doutes au dĂ©but de son exĂ©cution et que les hommes sont presque toujours frappĂ©s de perplexitĂ© devant les faits par rapport Ă  son avis initial. Sa conviction antĂ©rieure se vĂ©rifiera dans le dĂ©veloppement de l’action, quand disparaĂźtront les dĂ©cors intercalĂ©s par le destin Ă  l’avant-scĂšne de la guerre avec leur peinture outrĂ©e du danger, et quand l’horizon se sera Ă©largi ». Tel est l’un des plus profonds abĂźmes qui sĂ©parent le projet de son exĂ©cution. Chapitre 7. La friction dans la guerre Tant que l’on n’a pas vĂ©cu soi-mĂȘme la guerre, on ne saisit pas en quoi consistent les difficultĂ©s dont il est toujours question, ni vraiment ce que viennent y faire le gĂ©nie et la puissance intellectuelle extraordinaire que l’on exige du gĂ©nĂ©ral ». Tout semble a priori si simple. Mais lorsqu’on a vu la guerre, tout devient clair. Et pourtant, il est extrĂȘmement difficile de dĂ©crire ce qui suscite ce changement, de nommer ce facteur invisible qui agit partout. Tout est trĂšs simple dans la guerre, mais les choses les plus simples sont difficiles. Ces difficultĂ©s s’accumulent et produisent une friction dont celui qui n’a pas vu la guerre ne peut se faire une idĂ©e juste ». exemple des mĂ©saventures inattendues d’un voyageur 107. Ainsi dans la guerre tout est revu Ă  la baisse sous l’influence d’innombrables petits dĂ©tails, qu’on ne peut jamais prendre dĂ»ment en considĂ©ration sur le papier, si bien que l’on reste trĂšs en deçà de l’objectif. Une volontĂ© de fer, puissante, surmonte cette friction ; elle broie les obstacles, mais elle pulvĂ©rise la machine en mĂȘme temps. [
] Comme un obĂ©lisque, vers lequel convergent les avenues d’une ville, la ferme volontĂ© d’un esprit fier se dresse dans son impĂ©rieuse supĂ©rioritĂ© au centre de l’art de la guerre. La friction est le seul concept qui corresponde Ă  peu prĂšs Ă  ce qui distingue la guerre rĂ©elle de la guerre sur le papier ». La machine militaire est en principe trĂšs simple, tout fonctionnant au service de l’unitĂ© pour limiter la friction. Mais il n’en est pas ainsi dans la rĂ©alitĂ©, et la guerre rĂ©vĂšle immĂ©diatement tout ce que cette reprĂ©sentation a d’excessif et de faux. Le bataillon reste toujours composĂ© d’un certain nombre d’hommes dont le plus insignifiant peut, au grĂ© du hasard, arrĂȘter ou mĂȘme dĂ©rĂ©gler la machine. Les dangers que la guerre comporte, les efforts physiques qu’elle exige aggravent tellement le mal qu’il faut les considĂ©rer comme ses causes principales ». 108 Cette friction Ă©pouvantable, qu’il est impossible de concentrer sur quelques points, est donc partout en contact avec le hasard. Elle suscite alors des phĂ©nomĂšnes imprĂ©visibles, prĂ©cisĂ©ment parce qu’ils appartiennent en grande partie au hasard. Le temps, par exemple, en est un. Le brouillard ou la pluie peuvent tout changer au dĂ©roulement d’une bataille. Pour donner cependant une idĂ©e prĂ©cise des petites difficultĂ©s que la guerre oblige Ă  vaincre, il faudrait les illustrer par tant d’exemples, que nous craindrions de lasser le lecteur. L’action militaire est un mouvement dans un milieu rĂ©sistant. Pas plus qu’il n’est possible d’exĂ©cuter dans l’eau, avec facilitĂ© et prĂ©cision, un mouvement aussi simple et aussi naturel que la marche, il est impossible dans la guerre de se maintenir ne serait-ce qu’à un niveau moyen avec des forces ordinaires ». D’oĂč l’inutilitĂ© des thĂ©oriciens dans ce domaine 109. En outre, toute guerre est riche en phĂ©nomĂšnes particuliers ». Chacune est un lieu inexplorĂ© dĂ©fiant les pronostics. La connaissance de cette friction est une composante majeure de l’expĂ©rience de la guerre tant vantĂ©e que l’on exige d’un bon gĂ©nĂ©ral ». Le meilleur gĂ©nĂ©ral n’est pas celui qui est impressionnĂ© par cette friction mais qui sait la surmonter en ayant cette pratique du jugement qu’on appelle le tact apprĂ©ciation intuitive de ce qu’il faut faire. De mĂȘme, seul l’officier expĂ©rimentĂ© prendra toujours, dans les grands Ă©vĂ©nements comme dans les petits, dans chaque pulsation de la guerre, en quelque sorte, les rĂ©solutions et 110 les dĂ©cisions appropriĂ©es ». Il sera donc rarement pris en dĂ©faut, alors que de frĂ©quentes erreurs d’apprĂ©ciation se rĂ©vĂšlent extrĂȘmement dangereuses. La friction est donc ce qui rend difficile ce qui paraĂźt facile. Il apparaĂźtra alors clairement qu’outre l’expĂ©rience et une grande force de volontĂ©, maintes autres qualitĂ©s de l’esprit sont encore nĂ©cessaires pour faire un parfait chef de guerre ». Chapitre 8. Conclusions du premier livre Avec le danger, les efforts physiques, les renseignements et la friction, nous avons identifiĂ© les Ă©lĂ©ments qui composent l’atmosphĂšre de la guerre et qui en font un milieu rĂ©sistant Ă  toute activitĂ©. La rĂ©sistance qu’ils produisent permet de les rĂ©unir dans le concept commun de friction gĂ©nĂ©ralisĂ©e ». Seul l’aguerrissement de l’armĂ©e peut lubrifier ce frottement ». L’habitude fortifie le corps soumis aux grands efforts, elle trempe l’ñme confrontĂ©e aux grands dangers, elle soutient le jugement assailli par la premiĂšre impression. Elle donne Ă  tous, du hussard et du tirailleur jusqu’au gĂ©nĂ©ral de division, une prĂ©cieuse circonspection qui facilite l’action du gĂ©nĂ©ral en chef ». Le soldat aguerri est comme une Ɠil qui s’est habituĂ© Ă  voir dans le noir. L’aguerrissement est une chose qu’aucun gĂ©nĂ©ral ne peut donner Ă  son armĂ©e. Les manƓuvres en temps de paix n’en offrent qu’un faible succĂ©danĂ© ; faible comparĂ© 112 Ă  la vĂ©ritable expĂ©rience de la guerre, mais supĂ©rieur Ă  ces exercices qui n’inculquent Ă  une armĂ©e qu’une habiletĂ© mĂ©canique. Organiser les exercices en temps de paix de telle sorte qu’on y trouve une partie de ces objets de friction, que le jugement, la circonspection , et mĂȘme la rĂ©solution des diffĂ©rents commandants soient mis Ă  l’épreuve, voilĂ  qui est d’une importance bien plus grande que ne le croient ceux qui n’ont jamais fait l’expĂ©rience de la guerre. Il est infiniment important que le soldat, quel que soit son rang, ne dĂ©couvre pas lors du combat ces phĂ©nomĂšnes propres Ă  la guerre, qui surprennent et dĂ©sorientent la premiĂšre fois ». MĂȘme si ces exercices sont peu nombreux, ils sont importants pour s’habituer. A la guerre, la nouvelle recrue a une forte tendance Ă  prendre les efforts inhabituels pour les consĂ©quences des erreurs, des mĂ©prises et de la confusion du commandement suprĂȘme, ce qui l’accable doublement. Il n’en sera rien si elle y est dĂ©jĂ  prĂ©parĂ©e par des exercices effectuĂ©s en temps de paix ». Un autre moyen d’aguerrir les troupes en temps de paix consiste Ă  enrĂŽler des officiers expĂ©rimentĂ©s appartenant Ă  des armĂ©es Ă©trangĂšres. La paix rĂšgne rarement dans toute l’Europe, et la guerre ne s’éteint jamais dans le reste du monde. Un Etat longtemps en paix devrait donc constamment chercher Ă  faire venir de ces théùtres d’opĂ©rations des officiers qui s’y sont distinguĂ©s, ou Ă  y dĂ©tacher quelques-uns des siens pour qu’ils s’initient Ă  la guerre ». MĂȘme si ces officiers sont peu nombreux et s’ils ne peuvent ĂȘtre placĂ©s Ă  des postes de commandement 113 leur rĂŽle d’experts est important. YvesPinguilly, Verdun 1916, Un tirailleur en enfer, 2003 En 1915, Tierno, un jeune GuinĂ©en, rejoint Dakar afin de poursuivre ses Ă©tudes. Mais lĂ -bas, il est embarquĂ© de force sur un navire, avec d’autres Africains, Ă  destination de la France. AprĂšs un entraĂźnement, il devient « tirailleur sĂ©nĂ©galais » et part se battre Ă  Verdun. Laprincesse Marie Christine de Kent a Ă©tĂ© vivement critiquĂ©e dans la presse britannique pour avoir arborĂ© une broche considĂ©rĂ©e comme raciste et offensante pour Meghan Markle lors du dĂ©jeuner de Nöel offert par la reine Ă  Buckingham. Dans un communiquĂ©, la princesse explique ĂȘtre dĂ©solĂ©e si cela a pu choquer et qu’elle ne portera dĂ©sormais plus cette
Lefeu, journal d'une escouade d'Henri Barbusse : résumé. 1. La vision. Prologue situé dans un sanatorium, face au pic du Midi, de l'aiguille verte et du Mont-Blanc. Annonce du début de la guerre. Déploration et prophétie : « l'avenir est dans les mains des esclaves ». 2. Dans la terre. Dans les tranchées.
Nouspensons au 12e rĂ©giment de tirailleurs de la 4e PzD, ainsi qu'Ă  la 208e D.I. du gĂ©nĂ©ral von Scheele, qui vient d'arriver de France et qui se trouve pour l'instant au sud de BĂ©lev pour protĂ©ger notre flanc. Nehring Ă©tait un chef qui avait fait ses preuves. Il ne paraissait guĂšre satisfait de la tĂąche qu'on lui confiait. Mais il concevait la nĂ©cessitĂ© de cette dĂ©cision. Il Ils’agissait lĂ  dĂ©jĂ  d’une victoire contre la fatalitĂ©, peut-ĂȘtre pas encore pour aujourd’hui, mais un espoir pour demain certainement. Nous l’attendions ce nouveau et 76e chapitre de l’histoire du Festival d’Avignon, Ă©crit dans l’espoir des aprĂšs crises et Etelle a illustrĂ© son analyse par une rĂ©flexion du style, dans vingt ou trente ans quand on regardera la crise Covid, il sera facile de dire : « Et pourtant, on savait » ; Du coup, je vous propose le grand jeu de la rentrĂ©e . Les grands moments de l’Histoire qui se rĂ©sument par la phrase : « On savait, mais on ne savait pas.
Répondre 2 on une question Un tirailleur en enfer - réponse sur le e-connaissances.com
UNTIRAILLEUR EN ENFER Le premier thÚme est les "tirailleurs sénégalais" durant la guerre. "DÚs 1914, deux bataillons de combattants africains - le terme de tirailleurs "sénégalais" désignant l'ensemble des soldats noirs, quelle que soit leur origine géographique -
Jourpar jour, 1e commandement suivait les destructions. Le 23,un incendie se déclara dans le fort de Douaumont à la suite de l'éclatement d'un obus de 400. Les abris des carriÚres d'Haudromont à droite, de la batterie de Damloup à gauche, étaient bouleversés. Les ravins étaient fouillés et martelés.
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